Collectionner les drachmes, la monnaie Grecque antique
Dans cet article nous allons nous intéresser aux drachmes, ces célèbres monnaies Grecques antiques que vous avez surement déjà vue si jamais vous vous intéressez un tant soit peu à la numismatique.
Utilisée dès le VIème siècle avant JC, la monnaie Grecque antique représente une collection importante tant les pièces et les modèles sont nombreux.
Drachme, les origines :
Les sources et les avis divergent à propos de l’invention de la monnaie dans la Grèce antique. Si pour certains, selon les trouvailles faites lors de fouilles, l’invention est attribuée au roi Phidon d’Argos qui aurait consacré des broches de fer aux échanges ; pour d’autres, comme Hérodote, l’invention de la monnaie est attribuée aux lydiens.
[ Conseil : Si vous êtes collectionneur et que vous n'en possédez pas encore un, il est temps de vous procurer la référence des argus numismatique en cliquant ici. ]
A noter que plusieurs l’attribuent également aux cités commerçantes d’Ionie…
Difficile donc de se faire un avis fiable sur la question. Peut-être, la citation de Plutarque qui suit pourra vous aider dans votre recherche :
« Il se peut que, dans des temps très anciens, on n’ait pas connu d’autres monnaies : les pièces en usage étaient des brochettes de fer, quelquefois de bronze ; de là viendrait qu’aujourd’hui encore toutes les petites pièces gardent le nom d’obole (broche) et que six oboles font un drachme, car c’est tout ce que la main pouvait empoigner. »
L’histoire de la monnaie Grecque antique :
Comme pour beaucoup d’autres domaines en rapport avec la Grèce antique, l’histoire de la monnaie Grecque peut être divisée en trois périodes bien distinctes : la période Archaïque, la période Classique, la période Hellénistique.
> La période archaïque s’étend de 600 avant JC à 480 avant JC (au moment des guerres Perses)
> La période classique commence donc en 480 avant JC et s’arrête lors des conquêtes d’Alexandre le Grand vers 330 avant JC.
> La période Hellénistique va de 330 avant JC jusqu’à 100 avant JC environ.
Après cela, les cités Grecques continueront de produire leur propre monnaie, appelée alors « Monnaie Provinciale Grecque » sous la domination de l’Empire Romain jusqu’au IIIème siècle après JC.
Une monnaie pour chaque cité :
L’une des spécificités de la monnaie Grecque antique était que chaque cité (ou région) possédait sa propre monnaie, sa propre drachme.
Le monde Grec de l’époque était divisé en une bonne centaine de cités autonomes (appelée « polis » en grec) qui émettaient quasiment toutes leur propre monnaie.
Au fil du temps, certaines de ces monnaies ont circulé de façon intensive entre les différentes villes à tel point que la monnaie est devenue un moyen d’échange privilégié dans toute la Grèce Antique.
Chaque ville ou région frappait sa propre monnaie, signe de son indépendance. Etant donné que chaque cité avait son propre symbole, il existe aujourd’hui une multitude de drachmes différentes. Cette multiplicité de millésimes fait bien évidemment le bonheur des numismates aujourd’hui !
Si les drachmes les plus connues sont celles de la ville d’Athènes avec la chouette en effigie, vous allez voir qu’il en existe beaucoup d’autres. Pourquoi une telle diversité ? Tout simplement parce que le monnayage d’une cité était l’un des signes les plus concrets et visibles de son autonomie.
Souvent frappée à l’effigie de héros ou de Dieux de la mythologie, voyez donc ci-après la liste des symboles présents sur les différentes drachmes de chaque cité (classées par ordre alphabétique) :
(La cité ou région suivie du symbole présent sur sa drachme)
Achaïe = Chèvre
Athènes = Chouette
Cnide = Aphrodite
Corcyre = Vache
Corinthe = Pégase ailé
Cyclades = Amphore / Grappe de raisins
Cyrène = Silphium (végétal)
Cyzique = Thon
Delphes = Dauphin
Egine = Tortue
Ephèse = Abeille
Kymè = Cheval
Lydie = Tête de lion de profil
Macédoine = Bouc
Mélos = Pomme
Métaponte et Orchomène = Epi de blé
Milet = Lion couché
Naxos = Dionysos
Paros = Chèvre
Phocée = Phoque
Poestum = Poséidon et son trident
Rhodes = Rose
Sidê = Grenade
Sybaris = Taureau
Syracuse = Quadrige
Tarente = Apollon agenouillé / Taras chevauchant un dauphin
Thessalie = Cheval / Taureau
Comme vous pouvez le constater, nombreux sont les symboles à faire référence à la mythologie ou aux animaux.
Les multiples et les subdivisions de la drachme :
La drachme (qui signifie « une poignée » en grec) fait partie de tout un ensemble de monnaie de différentes valeurs que vous trouverez ci-après.
A noter que la grande majorité des pièces étaient en argent, l’or étant réservé aux monnaies royales).
Les multiples :
Un didrachme = 2 drachmes
Un tétradrachme (ou statère d’argent) = 4 drachmes
Un décadrachme = 10 drachmes
Un statère d’or = 20 drachmes
Les subdivisions :
Le tétrobole = 2/3 drachme
Le diobole = 1/3 drachme
Une obole = 1/6 drachme
Le double chalque = ¼ d’obole
Le chalque = 1/8 d’obole
Comment étaient fabriquées les drachmes ?
Il faut savoir que toutes les monnaies Grecques antiques étaient fabriquées à la main. Cela explique donc leur niveau de finition ainsi que leurs reliefs très souvent différents d’une pièce à l’autre.
Les reliefs étaient d’ailleurs gravés en creux sur des coins de métal qui servaient à frapper des disques vierges à l’aide d’un marteau.
Cette technique très rudimentaire était la cause de bon nombre de monnaies « ratées » mais force est de constater, en observant les drachmes aujourd’hui, malgré la difficulté de cette méthode de production, que le perfectionnisme des monnayeurs était très élevé.
Où trouver des drachmes aujourd’hui ?
Les drachmes sont par définition très rares. Contrairement aux pièces romaines beaucoup plus courantes et pourtant quasiment de la même époque.
Il faut savoir que la plupart des plus beaux millésimes se trouvent dans les musées où ils occupent une place de choix parmi d’autres merveilles de la Grèce antique.
Le numismate souhaitant se lancer dans la collection des drachmes devra donc forcément faire preuve d’une détermination à toute épreuve, ou à défaut, d’un solide porte-monnaie (sic) 🙂