De l’inédit parmi les écus Louis-Philippe !
- 28 mars, 2015 -
- Classé dans Général
Notre lecteur E.T. vient de faire une découverte tout à fait surprenante sur des écus Louis-Philippe frappés en 1833 à La Rochelle et à Nantes. Sans plus attendre, laissons-le nous exposer cette découverte :
"Avec plus de deux cent trente millions d'exemplaires frappés, les 5 francs Louis-Philippe IIe type Domard (F.324) sont les monnaies d'argent les plus frappées du XIXe siècle et sont donc probablement présentes dans toutes les collections couvrant cette époque. Elles sont en outre disponibles en très grande quantité sur les sites d'enchères et encombrent les stocks de certains professionnels : je me souviens, à ce propos, d'une visite chez un numismate local, qui était en train de trier une grosse bassine métallique remplie de ces écus, sans doute plus de mille, jetant un coup d’œil furtif à chacune pour en récupérer les plus rares. Furtif ? Forcément, ces monnaies ont été tellement regardées par ailleurs qu'il ne reste plus rien à découvrir sur ce type à part quelques rarissimes hybrides de 1832. Et pourtant…
il y a environ un an, mes automates de recherches sur les grands sites d'enchères (certains étaient réglés sur des critères de refrappe, surfrappe, fautées, le tout dans plusieurs langues) m'ont retourné une longue liste comme chaque semaine que j'ai balayée comme à l’accoutumée un peu plus lentement que les autres listes compte-tenu du thème, et j'y ai découvert une 5 francs 1833 H pour laquelle le vendeur (américain) évoquait une surfrappe. L'image permettant un doute, je l'ai acquise car elle était de toute manière plus jolie que mon exemplaire.
J'avais donc un rythme cardiaque très calme quand j'ai ouvert l'enveloppe quelques jours plus tard…jusqu'à ce que je regarde attentivement le millésime à l’œil nu (oui, simplement à l’œil nu !). Je me suis précipité sur ma loupe x 10 et là, aucun doute, je ne rêvais pas : il y avait un 2 sous le 3 final. J'ai scanné la monnaie, l'ai photographiée sous différents angles, fait des montages informatiques avec un 2 issu d'une 1832 : parfaite superposition, avec les petits débordements exactement là où on les attendait, et avec les formes adéquates.
Je suis alors rentré dans une longue phase de recherches, sur tous les sites possibles, dont les archives de cgb.fr, pour savoir si cet exemplaire était unique, ou issu d'une cassure de coin, ou pourquoi pas un faux. J'ai ensuite étendu ma recherche à tout le type F.324 : si une 1833/2 existait, pourquoi pas un phénomène similaire une autre année ? Autant dire tout de suite que, hormis 1833, mes recherches ont été vaines. Quant aux résultats sur les 650 monnaies de 1833 que j'ai examinées, ils semblent montrer que ces exemplaires sont très peu courants. Tous ateliers confondus, je n'ai repéré que neuf monnaies douteuses. J'en ai acquis cinq (et deux de plus dans les mois qui ont suivi) et j'ai eu quelques regrets, quelques doutes et quelques bonnes nouvelles ! Toutes ces monnaies ont en effet été examinées et photographiées par cgb.fr, et le verdict professionnel est tombé : surfrappe confirmée sur deux exemplaires de La Rochelle (sur environ 55 exemplaires examinés) et un exemplaire de Nantes (sur plus de 130 exemplaires examinés). Vous les retrouverez prochainement dans MODERNES 30.
Pour ma part, je pense que le doute est raisonnablement permis pour deux, voire trois autres ateliers, parmi lesquels ne figure curieusement pas Paris (seul l’exemplaire CI m’a paru douteux). Il s’agit en tout cas d’une occurrence bien plus rare que celle des 1/4 franc 1832/1 (tout au moins pour les ateliers confirmés). Le pourcentage de monnaies présentant originellement la surfrappe est sans doute supérieur à celui déduit des comptages mentionnés ci-dessus car l’effacement du 2 est très bien fait et les traces sont difficiles à déceler sur des monnaies en-dessous du TTB/SUP.
Peut-être qu’une recherche dans les archives apportera des informations complémentaires, bien que, selon les auteurs du FRANC, les chiffres de fabrication soient souvent faux pour cette série ; mais il s’agit ici de réutilisation de coins, donc cela a dû être tracé quelque part…Dans tous les cas, je ne peux que vous inciter à regarder vos exemplaires et à envoyer vos informations à stephane@cgb.fr pour affiner les comptages et donc les cotes des futures éditions du FRANC.
Enfin, concernant les autres millésimes que j’ai examinés, notez bien que je n'ai scruté que les deux chiffres finaux de la date, mais ni le reste du revers ni l'avers. L'aventure n'est donc sans doute pas terminée : n'oubliez jamais de regarder vos monnaies !"
Nous remercions chaleureusement E.T. pour cette étude très intéressante sur les 5 francs Louis-Philippe frappées en 1833 qui permet de créer deux nouvelles lignes dans le FRANC 11. Vous aussi regardez attentivement vos monnaies et faites-nous part de vos découvertes : vous détenez peut-être un exemplaire inédit dans votre Collection !