Exposition Coloniale de 1931 : la médaille ‘hollandaise’ d’Anie Mouroux
- 23 août, 2015 -
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L'Exposition Internationale Coloniale a lieu à Paris en 1931. Le site choisi est situé dans le bois de Vincennes autour du Lac Daumesnil et à la Porte Dorée. De cette manifestation qui a lieu du 6 mai au 15 novembre 1931 ne subsistent aujourd'hui que le Palais de la Porte Dorée, le pavillon du Togo et du Cameroun transformé en 1977 en pagode pour l'exercice du culte bouddhiste et le Parc Zoologique.
Cette exposition destinée essentiellement destinée à promouvoir l'Empire Colonial Français accueille des pavillons des différentes colonies et territoires français mais aussi des sections étrangères : Belgique, Danemark, États-Unis, Italie, Pays-Bas, Portugal et Royaume-Uni.
A cette occasion, est émise une série de quatre médailles qui symbolisent la présence de la France au travers de son Empire Colonial en Afrique, aux Amériques, en Asie et en Océanie. Quatre graveurs sont sélectionnés pour cette série. Louis Desvignes grave celle dédiée à l'Afrique avec à l'avers un bédouin d'Afrique du Nord et au revers une composition à partir des pavillons de l’Afrique-Occidentale française, de la Tunisie et de Madagascar. Lucien Bazor réalise celle de l'Amérique avec à l'avers un chef amérindien et au revers le pavillon des États-Unis d’Amérique, reproduction de la maison de Georges Washington à Mount Vernon. Pierre-Alexandre Morlon hérite de l'Asie avec à l'avers un portrait de face d’une femme khmère et au revers un éléphant harnaché.
C'est à une femme qu'échoit la gravure de la médaille pour l'Océanie. Anie Mouroux (1887-1978) est alors une personnalité dans le domaine de la gravure et de la médaille. Élève de l'école supérieure des Beaux-Arts de Paris, elle est la première élève féminine à monter en loge pour le concours du Grand Prix de Rome en 1919. Six graveurs en médaille concourent sur le thème de la Fraternité sur le champ) de bataille. Elle est récompensée par un deuxième second grand prix, le grand prix étant donné à Gaston-Albert Lavrillier, et le premier second prix à Pierre-Louis-Aristide Turin. Elle fut élève du sculpteur Laurent Honoré Marquestre (prix de Rome 1871) et de Louis-Alexandre Bottée (grand prix de Rome 1878) auteur entre autres de la médaille de l'exposition universelle de 1889.
C'est un véritable défi à relever pour Anie Mouroux. Si une charmante océanienne figure sur l'avers, le choix pour le revers est plus difficile. Autant Desvignes et Bazor ont pu s'inspirer.des pavillons de l'exposition coloniale, Anie Mourroux peut difficilement s'inspirer du pavillon de l'Océanie (voir ci-contre) peu spectaculaire ou de la Nouvelle-Calédonie.
Elle opte donc pour le pavillon principal des Pays-Bas de style indo-javanais. Il faut reconnaître que l'édifice encadré par deux tours hautes de 50 mètres et présentant sur 6.000 m2 des collections d'art hindous et javanais a fière allure et fait une forte impression sur les visiteurs .
Pour réaliser sa médaille, Anie Mouroux a largement dépassé l'ère géographique de l'Océanie pour illustrer sa médaille, ce qui n'enlève rien à ses grandes qualités de graveur et de sculpteur. Elle est connu pour avoir réalisée entre autres une médaille à l'effigie de Frédéric Mistral mais c'est bien son travail inspiré par Sainte-Anne patronne des Bretons, qu'elle restera célèbre avec en particulier cette oeuvre en faïence reproduite par la maison Henriot de Quimper.
Quant à l'exposition avant d'être aujourd'hui sources de polémiques, elle a été à l'époque un succès : on estime la fréquentation à huit millions de visiteurs uniques dont quatre millions de parisiens, trois millions de provinciaux et un million d'étrangers.
Sources : L'Exposition Coloniale en Paris en 1931, notices bibliographiques sur Wikipedia
Source: Exposition Coloniale de 1931 : la médaille ‘hollandaise’ d’Anie Mouroux