Le Venezuela peine à payer ses billets de banque
- 29 avril, 2016 -
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Avec l'effondrement des cours du pétrole, le Venezuela s'enfonce de jour en jour un peu plus dans la crise. L'économie a toujours été très dépendante de l'or noir. Une aubaine lorsque les cours étaient au plus haut comme en juillet 2007 avec un baril à 147 dollars. Et aujourd'hui une malédiction, alors que le prix au baril tourne autour de 40 dollars après avoir coté moins de 30 dollars.
L'économie vénézuélienne est désormais au plus bas. En 2014, l'inflation était de 141,5 % et le PIB avait diminué de 3,9 %. En 2015, le PIB s'est encore contracté de 5,7 % et le taux d'inflation à bondi à 180,9 %. Les hausses de prix de l'alimentation et les boissons non alcooliques étaient même de 315 %. Mais le pire est sans doute à venir avec une inflation prévu de 720 % en 2016 d'après les chiffres d'une note du Fonds Monétaire International publiés par Bloomberg. Certes, le gouvernement du président Nicolás Maduro conteste ces chiffres mais la situation est plus qu'alarmante.
Quant au cours d'échange du Bolivar contre le dollar il varie de 6,3 à 200 Bolivares par dollar US selon les cours officiels, mais s'établirait à plus de 1.000 Bolivares pour 1 dollar US sur le marché noir.
Dans ce contexte d'hyperinflation, le gouvernement n'a eu de cesse d'augmenter la masse monétaire à commencer par le volume de billets mis en circulation depuis 2014.
Ce sont des milliards de billets qui ont été imprimés et mis en circulation afin d'éviter la pénurie. En 2015, ce sont 10 milliards de billets qui ont été commandés par la banque centrale du Venezuela, plus que les 7,6 milliards de billets commandés dans le même temps par la réserve fédérale des États-Unis.
Or aujourd'hui, toujours selon Bloomberg, la Venezuela peine à payer ses fournisseurs de billets de banque. Le célèbre fabriquant de billets britannique De La Rue s'est plaint à la banque centrale du Venezuela de retards de paiement pour un montant total de 71 millions de dollars. Cette information a fuité mais a été confirmée par Bloomberg News. La société De La Rue ne serait pas le seul fournisseur à être concerné. Le français Oberthur Fiduciaire et l'allemand Giesecke & Devrient seraient aussi touchés par des impayés ou du moins des retards de paiement. Il y eut un temps où les commandes de la banque centrale du Venezuela qui pouvaient représenter jusqu'à une année de production d'une usine faisaient rêver les fabricants. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas, ces producteurs ne souhaitant plus du tout s'exposer au risque pays du Venezuela.
Bien qu'il ait été évoqué dès 2013 de produire des coupures de 200 et 500 Bolivares, rien n'a été décidé à ce jour. La plus grosse coupure actuelle reste celle de 100 Bolivares à l'effigie de Simón Bolívar dont le pouvoir d'achat est désormais très faible, à peine de quoi acheter une cigarette dans un kiosque de rue. Confrontés au vertige de l'hyperinflation, les vénézuéliens en sont réduits à se déplacer avec de grosses liasses de billets afin de subvenir à leurs besoins quotidiens.
Dans le même temps, les fournisseurs traditionnels de billets sont peu pressés de se lancer dans de nouveaux projets. La banque centrale du Venezuela pourrait se tourner donc vers d'autres fabricants. Le russe Goznak ou encore l'américain Crane Currency sont évoqués.
Dans le pays, les pénuries sont désormais courantes. Les gens manquent de médicaments, de papier-toilette, de nourriture et d'électricité. Trouver des couches, des pièces détachés pour automobiles ou encore de l'aspirine tient du miracle.
Dans ce contexte, on peut se demander si demain la pénurie ne touchera pas les liquidités, si faibles soient leurs valeurs réelles.
Sources : Bloomberg, La Tribune