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Une semaine, une médaille ! – N° 9.




L'exposition internationale de 1889 se terminait aujourd'hui même, 31 octobre, il y a 127 ans ! Cette exposition célébrait le centenaire de la révolution française et elle reste surtout dans les mémoires pour la Tour Eiffel qui lui a survécu ! D'autres pavillons n'ont pas eu cette chance et c'est bien dommage car il n'y a aucun doute qu'ils seraient encore considérés comme des bâtiments emblématiques de la ville de Paris… mentionnons par exemple la fameuse Galerie des Machines.

La médaille à l'honneur aujourd'hui n'est pas française, mais brésilienne. Il s'agit d'une médaille gravée par la Maison AGRY. Cette prestigieuse maison parisienne, a été fondée en 1825 et ce ne sont pas moins de sept générations d'une même famille qui s'y sont succédé jusqu'à maintenant. La boîte d'origine de cette médaille est inscrite "AGRY Graveur heraldiste 14, rue Castiglione PARIS".

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Le Guide Bleu du Figaro et du Petit Journal, sorti à l'occasion de cette exposition de 1889 (vendu à l'époque pour un franc), retrace précisément l'historique de ce pavillon brésilien :

Voulez-vous vous trouver en pleine végétation fantastique ? Approchez du Palais du Brésil.

Au mois de mars 1887, plusieurs journaux de Paris annonçaient que M. de Santa-Anna Néry parcourait le Brésil, formait des comités et recueillait des adhésions pour l'Exposition universelle de Paris. A Parà, en effet, il avait tenu une réunion au palais du président de la Province, réunion à laquelle assistaient les principaux personnages de la ville, l'évêque en tête, Mgr de Macédo, comte de Bélem, ancien élève du séminaire de Saint-Sulpice.

La participation de la province fut décidée aussitôt. Le même succès vint couronner les efforts de M. de Santa-Anna Néry dans plusieurs autres villes de l'empire du Brésil. 
A cette époque, L'empereur Dom Pedro II se trouvait en Europe. Un comité franco-brésilien se constitua ici, au mois de mars 1888, et se trouva composé, dès son origine, de quelques personnages notables de la colonie brésilienne et de quelques Français en relations d'affaires avec le Brésil, ayant à leur tête les présidents de la Chambre syndicale des négociants-commissionnaires et de la Chambre de commerce d'exportation, MM. de Lourdelet et Pector. 
M. le vicomte de Cavalcanti, sénateur et ancien ministre d'État au Brésil, se chargea d'aller à Cannes où se trouvait Dom Pedro II, et l'Empereur non seulement donna son adhésion, mais encore écrivit une lettre autographe à M. Georges Berger, recommandant les promoteurs de l'idée à sa bienveillance. C'est le seul souverain qui ait fait cela. Le comité, après avoir formé son bureau, se mit à l'œuvre. Tout marcha à souhait. A Rio-de-Janeiro, les Chambres votèrent un crédit de près de huit cent mille francs; à Bahia, la province accorda cinquante mille francs; à Minas-Geraes, cent mille, etc. Un concours fut ouvert à Paris pour la construction du palais du Brésil et M. Louis Dauvergne, architecte-expert près le Conseil de Préfecture de la Seine, fut choisi pour l'exécution du plan primé. 
Avant de paraître au Champ de Mars, les produits ont subi l'épreuve d'une exposition à Rio-de-Janeiro, exposition ouverte par l'Empereur.

   

La section brésilienne, qui se trouve à droite, au pied de la Tour Eiffel, occupe un emplacement total de près de 1,200 mètres carrés dont 400 mètres seulement sont couverts par le pavillon. Ce pavillon comprend trois étages de galeries entourant un atrium. Cette partie de la construction est surmontée d'une coupole vitrée ornée d'un vélum. Une tour carrée, de 40 mètres de hauteur environ, contient l'escalier qui donne accès aux galeries du premier et du deuxième étage. Un escalier plus petit permet de monter au campanile de la Tour et à la terrasse qui le supporte. Au rez-de-chaussée, un salon pour le Comité, avec une petite galerie servant d'antichambre, est annexé à la construction. Le parquet de ce salon est composé d'une marqueterie en bois du Brésil exécutée à Rio même. Au deuxième étage, une terrasse couverte d'une banne permet d'embrasser la vue d'ensemble du Champ de Mars et de ses palais.

La décoration se compose de six statues représentant les six principaux fleuves du Brésil, avec les plantes et arbustes qui poussent sur leurs bords comme attributs, et de divers motifs d'architecture, proues de vaisseaux, têtes, consoles, etc.
Des faïences décoratives ornent également l'entourage des grandes baies des façades. Les armes des diverses provinces sont peintes sur les cartouches surmontant les pylônes, et le motif central de la façade est couronné par la sphère qui figure sur le drapeau brésilien.
Intérieurement la construction en fer est apparente. La coupole, les pendentifs, les frises des corniches, les soffites et les plafonds sont décorés de guirlandes et de bouquets peints en camaïeu sur fonds d'or.  

Photo permettant d'imaginer la végétation brésilienne en plein Paris.

Une galerie en fer ajouré relie le pavillon à la serre, et est décorée de vases en faïence artistique. La serre contient des collections de plantes du Brésil, toujours en fleurs. Cette serre est à l'extérieur ornée de zincs d'art peints et réchampis d'or. Intérieurement, des panneaux décoratifs par M. Lippmann. A rentrée, deux caïmans sculptés par M. Gilbert.
La grotte et les jardins autour du Pavillon et de ses annexes sont également garnis de plantes et d'arbustes du Brésil : palmiers, orchidées, etc.. 
Les échantillons exposés, ont une valeur marchande de près de 400,000 francs, et le Comité s'est entendu avec la Société internationale d'horticulture, de Bruxelles, pour l'entretien de la serre, où, pendant toute la durée de l'Exposition, les orchidées les plus rares se trouveront en fleurs, remplacées autant de fois qu'il sera nécessaire.
Un bassin dont l'eau est entretenue à une température constante de 30 degrés par un système de chauffage particulier, contient « la Victoria Régia » de l'Amazone. On sait que cette magnifique plante aquatique atteint des proportions , incroyables et qu'elle peut porter facilement un petit enfant sur une seule de ses larges feuilles blanches auxquelles les indigènes donnent le nom de « bancs des Uanapés ».

Il faut citer encore un gracieux « pavillon de dégustation » pour la consommation des produits du Brésil, tels que café, maté, tafia, liqueurs de fruits, etc…; et enfin un « palais de l'Amazone » situé dans la partie du Champ de Mars affectée par M. Charles Garnier à l'histoire de l'habitation humaine, et renfermant les vases et urnes en céramique des indigènes de l'île de Marajô, île grande comme le Portugal et qui se trouve à l'embouchure du gigantesque Amazone. Ces merveilleux spécimens de l'art primitif des anciens potiers de l'Amazone ont été apportés en France par le directeur du Muséum National de Rio-de-Janeiro, M. Ladislas Netto.

La section brésilienne compte plus de 1,600 exposants et donne une idée suffisante des ressources du grand empire de l'Amérique du Sud.

Source: Une semaine, une médaille ! – N° 9.

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